Le chamanisme : renouer avec la nature et redonner du sens à nos vies

LE CHAMANISME : RENOUVER AVEC LA NATURE ET REDONNER DU SENS A NOS VIES

Article de Catherine Maillard, pour Doctissimo – Psychologies, mis à jour le 14 novembre 2018

Sur le site http://www.doctissimo.fr/psychologie/developpement-personnel/chamanisme-definition

Voyages au tambour, roue de Médecine, rencontres avec son animal Totem… Le chamanisme de tradition amérindienne connaît un véritable essor en Occident. Basé sur une connexion avec la nature et notre propre conscience, cette tradition ancestrale vous invite à un voyage pour poser un nouveau regard sur le monde et sur soi-même.

Sommaire

  1. Qu’est-ce que le chamanisme ?
  2. Le tambour : gagner en expansion de conscience
  3. L’animal Totem: un allié de sagesse
  4. La roue de médecine : une boussole pour sa vie !
  5. Chamanisme : Attention aux charlatans !

chamanisme

Qu’est-ce que le chamanisme ?

Le chamanisme est porteur d’un héritage ancestral spirituel, transmis oralement depuis des millénaires. Il part du principe que nous ne sommes pas séparés de la nature, nous en faisons partie. Cette conscience écologique n’est pas exclusive au chamanisme, ainsi de nombreuses pratiques nous invitent ainsi à nous (re)connecter aux énergies de notre planète comme les bains de forêt. Le chamanisme invite de manière plus profonde à un voyage comme l’évoquait l’ethnologue Mircea Eliade, dont les écrits ont participé à la redécouverte de cette tradition : « Chacun est vu comme un « voyageur cosmique » vivant son périple sur terre sur le modèle des cycles du soleil et de la lune, des quatre saisons et des points cardinaux« .

Cette invitation au « voyage intérieur » est également souligné par Else Oreve, enseignante chamanique formée par la Foundation for Shamanic Studies (FFS) : « Pratiquer le chamanisme, c’est s’engager sur une voie d’exploration, de transformation, poser un nouveau regard sur soi-même et le monde, se mettre au diapason avec le rythme de la vie« .

Le tambour : gagner en expansion de conscience

Lors de ces « voyages chamaniques », le chaman utilise son tambour, pour d’une part appeler la protection des esprits gardiens des 4 directions (Nord/Est/Sud/Ouest) et permettre à la personne d’accéder à son subconscient et à sa profondeur. « Quand le rythme du tambour parvient à 180/200 battements minutes, il stimule la production des ondes thêta dans le cerveau, celle des états de conscience modifiée » précise le Dr Olivier Chambon, psychiatre qui explore les liens entre psychothérapie et chamanisme.

Traditionnellement, lors de cérémonies, c’est le chaman lui-même qui entre dans cet état pour communiquer avec des esprits, et aider la personne à « guérir » et à restaurer l’harmonie avec la nature, ses cycles et ses rythmes, « clés de notre équilibre et de notre bonne santé« .

Comment s’y mettre ? Dans notre société moderne, il est possible de « voyager » en groupe, lors de sessions animées par un chaman, ou un praticien formé aux pratiques chamaniques. Les premières expériences portent sur des propositions accessibles à tous. Si vous êtes très fatigué, on vous invitera par exemple à « voyager » dans un « lieu de ressourcement ». Vous pourrez également être invité à contacter un esprit allié pour qu’il vous aide, vous apporte sa protection, ou des réponses à vos questionnements.

L’animal Totem: un allié de sagesse

Dans la tradition chamanique, il existe une autre réalité que celle de notre monde visible et tangible. « Nous avons tous un animal Totem, qui nous relie aux qualités du monde animal, et aux ressources spécifiques à chacun » affirme Else Oreve. Ce sont des « esprits » alliés en quelque sorte. Chaque animal Totem est porteur d’une spécificité et d’une force qu’il peut nous transmettre, c’est son pouvoir « médecine » comme l’appelle les chamanes. « Certains animaux nous sont plus familiers que d’autres, comme la chouette, l’aigle, l’ours, par exemple » ajoute Else Oreve. La chouette est communément associée au Monde de la nuit, ses mystères et l’intuition ; l’aigle à sa capacité à prendre de la hauteur…

Comment connaître son animal totem ? Aujourd’hui, il est courant d’aller rencontrer son animal de « pouvoir » lors de voyages chamaniques au tambour, afin de recevoir une vision, un message : « Ils nous parviennent sous forme d’images ou d’une petite voix intérieure« , explique l’enseignante chamanique.

La nature est également une porte donnant sur ce monde. De simples balades peuvent donner lieu à une rencontre avec votre animal Totem : « Observez votre environnement, votre animal peut surgir dans la forme d’un rocher ou d’un arbre, d’un nuage, ici et là peut apparaître, un lynx, une baleine…« . Tous ces signes sont en fait des messages, qui sont le plus souvent des réponses à des questions très concrètes que nous nous posons, que ce soit à propos d’une relation, d’un travail… A nous de les décoder selon une grille, qui n’est plus de l’ordre de la logique, mais du ressenti. Et de se faire confiance.

La roue de médecine : une boussole pour sa vie !

En chamanisme, tout est cercle ! Traditionnellement, le terme « Roue de médecine » renvoie au cercle, et plus précisément au « cercle de vie ». Un des principes fondateurs de la tradition chamanique est la notion d’inter-reliance : « L’objectif de la roue de médecine est de nous relier au rythme des saisons, au grands cycle de la vie (naissance, puberté, maturité, mort), et plus largement à notre environnement« , nous expose Marianne Grasselli Meier, écothérapeute, formée aux pratiques chamaniques.

Elle est découpée en quatre cadrans qui représentent les quatre points cardinaux : le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest. Le plus souvent, on associe à chaque cadran une saison, un animal, un élément (Terre/Eau/feu/Air), une couleur… Chaque cadran est ainsi porteur d’une énergie spécifique, que nous allons pouvoir contacter en « parcourant » la roue. Dans les cérémonies chamaniques, la roue de médecine est réalisée au sol, en pleine nature, à l’aide de pierres, de fleurs, ou d’autres éléments naturels.

Comment s’y mettre ? La pratique consiste, lors d’une cérémonie en groupe menée par un chaman, à parcourir physiquement le cercle représenté au sol, c’est-à-dire chaque étape de la roue. Accompagné par le tambour, vous séjournez dans chacun des cadrans pour « revisiter » les différentes étapes de votre vie, par exemple, ou encore vous relier à l’énergie d’une saison, selon votre besoin du moment.

« Chaque cadran est en lien avec un principe transposable dans son quotidien, comme le renouveau à l’Est/printemps, la joie au Sud/Eté, le lâcher prise, Ouest/automne, ou la sagesse au Nord/Hiver » développe Marianne Grasselli Meier. Par exemple, si vous avez besoin de vous défaire d’une colère, un rituel avec une danse et/ou un chant, dans le secteur Ouest/automne, permettra de vous en libérer. Avec un peu d’expérience, vous pourrez réaliser votre propre roue de médecine, chez vous, pour rester relié au quotidien.

Chamanisme : Attention aux charlatans !

L’engouement pour ces pratiques a vu fleurir de nombreuses propositions, certaines un peu farfelues, voire carrément dangereuses. Car le chamanisme n’est pas une simple pratique de développement personnel, il s’agit d’une pratique ancestrale qui propose des explorations dans le domaine de la psyché et le monde des esprits. Avant de vous lancer, vérifiez qui est l’animateur, prenez des renseignements, lisez pour aiguiser votre discernement. Commencez par des pratiques encadrées par des professionnels formés, avant de fréquenter de grands rassemblements. Quelques pistes sérieuses :

  • The Foundation For Shamanic Students. www.chamanisme-fss.org
  • Ecole Nature conscience et chamanisme : www.nature-conscience-chamanisme.fr

Catherine Maillard

Ecrit par:

Catherine Maillard, journaliste, éditrice et auteure

Mis à jour le 14 novembre 2018

Sources :

  • Le réveil des gardiennes de la terre. Guide pratique d’écothérapie. De Marianne Grasselli Meier
  • Else Oreve : www.instantsacre.com
  • Psychothérapie et chamanisme. du Dr Olivier Chambon. Ed Véga

Rite de passage chamanique

Rite de passage chamanique

Article de Réjane Ereau, pour le magazine Inrees, diffusé le 05 janvier 2015, sur le site www.inrees.com

DES RITUELS POUR SE RELIER A LA VIE

Groupes d’hommes, cercles de femmes, cérémonies initiatiques… Le besoin de retrouver des rituels de passage se fait de plus en plus prégnant. Pourquoi ce besoin ? A quoi nous reconnecte-t-il ?
Imaginez 80 hommes réunis pendant 3 jours dans un coin de nature isolé. Tous styles, tous âges, tous horizons. La moitié est là pour encadrer, les autres n’ont pas la moindre idée de ce qui les attend. Pourtant, ils sont là de leur plein gré. « Il ne s’agit ni d’un gentil week-end en forêt, ni d’un stage de développement personnel ! sourit un organisateur. Ce qu’ils vont vivre là, ils ne le vivront qu’une fois. Pour chacun, il y aura un avant et un après. »
Né aux Etats-Unis en 1985, implanté dans une dizaine de pays, ManKind Project (MKP) propose des week-ends initiatiques pour les hommes. 60.000 ont déjà répondu à l’appel. En France, en Suisse et en Belgique, 7 week-ends par an sont organisés. « Le besoin est énorme : les inscriptions se remplissent en moins de 24 heures », note Stéphane Gonnu, président de MKP Europe Francophone.

Impossible de connaître le contenu de ces 3 jours. « Si on divulguait ce qu’il s’y passe, les gens viendraient avec des a priori, donc des attentes et des jugements, explique Christophe Depierre, cofondateur de MKPEF. L’inconnu suscite des inquiétudes, mais ça fait partie de l’aventure. Ce qui les attend est extraordinaire, mais ils n’en savent rien. Si on l’expliquait à l’avance, la découverte serait moins forte. » Ce serait leur voler leur révolution intérieure. L’expérience ne se raconte pas : elle se vit. Des moments seuls, d’autres en binôme ou en groupe : « Les fondateurs de MKP ont repris les 3 passages traditionnels : coupure avec le quotidien, cérémonie initiatique et retour au monde », explique Christophe Depierre. Autrefois, les épreuves pouvaient être violentes : isolement en forêt, survie, jeûne prolongé, scarification… « Nous avons trouvé d’autres moyens de séparer les gens de leur identité sociale », sourit Christophe Depierre. De les pousser dans leurs retranchements, de leur faire traverser leurs parts d’ombre, de les amener à accueillir leurs ressentis et à puiser les ressources de faire face, de donner et d’agir, « en lien plus vaste qu’eux ».

Un besoin fondamental

Autrefois, les rituels de passage étaient intégrés à l’organisation sociale. A l’adolescence, filles et garçons se soumettaient à une série d’épreuves physiques et morales, chargées de sens, destinées à les faire grandir et les aider à récupérer leur âme d’adulte.
Nos sociétés ont évacué ces initiations. Elles correspondaient pourtant au besoin de franchir symboliquement une étape. De faire le grand saut, d’affronter l’inconnu pour comprendre des choses sur soi et sur le monde, de découvrir les forces que l’on peut mobiliser, en soi et alentour. « En un mot, il s’agit de toucher du doigt notre peur de vivre, de comprendre de quoi elle parle, et d’éveiller quelque chose en nous qui nous éclaire, nous nourrit et nous relie », estime Stéphane Gonnu.

La problématique est particulièrement visible chez les adolescents. « Ils ont un besoin impératif de ritualisation pour garantir leur séparation – de leurs parents et de leur ancienne enveloppe », indique Fabrice Hervieu-Wane, auteur d’Une boussole pour la vie, les nouveaux rites de passage. Mais que leur propose le corps social ? Le bac, le permis de conduire, la première cigarette ou le premier compte en banque… « Ce sont des coquilles vides de sens », estime le journaliste.
« La société n’a pas non plus d’outil pour répondre à leur besoin de connexion à la terre et à l’univers », souligne François Demange, spécialiste des cultures chamaniques. Alors ils créent leurs rituels, au risque de s’y fourvoyer. « Ils fument des joints, se saoulent, touchent aux drogues, vivent grâce à ces substances des sensations d’ouverture du cœur et de créativité, mais ces outils ne sont pas les bons, car l’énergie qui les sous-tend n’est pas saine », indique le guérisseur. En cause aussi : le manque de contexte. La psychanalyste Ghislaine Bourgogne cite ainsi le cas d’un jeune homme ayant vécu une crise mystique après avoir pris, seul, des hallucinogènes. « Cela a entraîné de sérieux désordres énergétiques », raconte-t-elle.

Un sentiment de complétude

L’importance des rituels de passage tient aussi à l’apport d’une filiation. « Tout le monde se trouve un jour confronté au sens de l’existence, explique Ghislaine Bourgogne. Face à ces interrogations, surgit le besoin de se rassembler et de se refonder dans un sentiment d’appartenance. » Ce qui permet de reconnaître un autre homme comme frère, « c’est de considérer que nous avons un père commun », principe supérieur qui empêche de se croire seul au monde ou tout-puissant.
« Je me posais beaucoup de questions sur mon rôle d’homme, confirme Christophe Depierre, initié il y a 17 ans en Angleterre. Mon père était adorable, mais très absent. Je manquais de modèles inspirants. Au siècle dernier, Gandhi, Luther King et Mandela étaient de vrais guerriers, ils défendaient une noble cause et allaient vers quelque chose. »
« Notre société est très maternante, ajoute Stéphane Gonnu. Elle nous apporte des solutions prémâchées. Elle s’arrange pour que nous ayons un tas de besoins, pour nous garder sous sa coupe. Bref, elle nous incite à rester des enfants. Il nous faut sortir des jupes de cette maman étouffante pour accomplir l’être que nous sommes fondamentalement. »

Pour Christophe Depierre, l’aventure au sein de MKP à été « un bouleversement » : en le reconnectant à sa part « sauvage », instinctive. En lui donnant accès à ses émotions, à sa capacité à les « identifier et à les exprimer de manière plus naturelle ». En ancrant sa perception de ce dont il avait « viscéralement besoin » et de là où il voulait vraiment aller. En faisant de lui un être mâture, solide, « authentique », « plus proche des autres ». En lui donnant surtout « beaucoup de joie » dans sa vie.
« Je sais désormais que je suis responsable de mon existence, de mes actes et de leurs conséquences, complète-t-il. Je suis plus conscient de moi-même, de mes ombres, de ce qu’elles peuvent projeter. L’initiation m’a centré sur des valeurs d’entraide, d’intégrité, d’engagement et de responsabilité. »
Quand les membres de MKP se retrouvent, ils se serrent dans les bras, le regard bon et le sourire franc. Rien à voir avec une assemblée de machos : « Savoir être touché, écouter et recevoir, permet d’être dans sa pleine puissance quand il s’agit d’agir ou de trancher, souligne Stéphane Gonnu. L’initiation donne cette dextérité ; nous ne sommes plus hémiplégiques d’un masculin immature ou incomplet. » Idem du côté des rituels réservés aux femmes, tels que ceux proposés par Women in Power ou Sacrée Femme. « Il ne s’agit pas d’opposer le masculin et le féminin, précise Christophe Depierre : la révélation de l’un appelle celle de l’autre. Mais il y a parfois des choses que seul(e) un homme ou une femme peut vous transmettre, parce qu’il ou elle les a expérimentées avant vous. »

Pour l’entourage, le changement est notable. « Mon mari est étonnamment plus serein, plus joyeux. Voilà des années que je ne l’avais pas vu ainsi ! C’est un beau cadeau », témoigne l’épouse d’un récent initié.
Dans les jours qui suivent, des opportunités peuvent surgir. « La façon dont nous sommes présents met des forces subtiles en mouvement », confirme Stéphane Gonnu. Même 10 ans après, on sent chez certains une vibration, une beauté intérieure, une manière d’être au monde à la fois fluide et ancrée.

Le pouvoir créateur

La vie est jalonnée de passages. De l’enfant à l’adolescent, de l’adolescent à l’adulte, mais aussi à chaque fois qu’elle nous confronte à une période de transition ou de rupture : un deuil, la fin d’un amour ou d’une aventure professionnelle, le départ de ses enfants… L’être chancelle, l’interrogation pointe : que se passe-t-il ? Où en suis-je ? Dans quelle direction avancer ? Le besoin de franchir un cap surgit.
Roselyne est atteinte d’un cancer du sein. Aussi circonscrit ce mal soit-il aujourd’hui, le vivre dans sa chair n’a rien d’anodin. Pour le traverser, elle a été accompagnée pendant 7 mois par Marie Motais, fondatrice de la compagnie de danse Alluna. « Depuis la nuit des temps, les humains ont chanté, dessiné, dansé pour honorer les événements de leur vie », souligne celle-ci. Face à l’incertitude, à la peur, aux tabous de la maladie et de la mort, danser peut être un moyen initiatique de contacter « ce qu’il y a de vivant en nous », poursuit Marie Motais. Par l’expression du corps, l’être explore « ce qui est là, en présence », comment il se sent, « comment il va aller à la rencontre de sa propre créativité et parvenir à l’exprimer dans son quotidien », tissant ainsi un nouveau rapport à la vie.

Le processus commence souvent en pleine nature. Là, les gens sont invités à faire « tout ce qui est juste pour eux », en contact avec les éléments – se rouler dans la terre, se couvrir de feuilles… –, puis à créer le rituel qu’ils effectueront devant les autres.
« Mon rôle est de tenir le cadre, d’aider la personne à trouver le lien qu’elle veut couper, les actes symboliques qu’elle veut poser et les gestes métaphores qui font sens pour elle, commente Marie Motais, mais aussi d’être le témoin d’un acte important de sa vie. Dès qu’on dit les choses à haute voix, dès qu’on est vu, entendu, seul face au groupe, il se passe quelque chose. »

L’expérience n’est pas forcément une partie de plaisir. Au fil de la danse, des émotions émergent. « Il ne faut pas s’y arrêter, ne pas laisser le mental analyser, indique Marie Motais. Si l’on continue à mettre en mouvement, quelque chose d’autre prend la relève. » A certains moments, Roselyne ne voulait plus continuer : trop confrontée à elle-même. Pourtant, elle s’est accrochée, faisant face à ses croyances, à ses capacités. « Elle a réalisé un autoportrait, puis s’est mise en dialogue avec lui. A partir de là, nous avons créé une danse », que Roselyne a présentée en solo, en public, au vernissage de l’exposition Skin.
« Ce travail l’a métamorphosée, témoigne Marie Motais. Elle a contacté son énergie de vie. Son corps s’est délié, son œil s’est remis à pétiller, elle s’est sentie libérée d’un carcan. Bref, elle a guéri la façon dont elle se voit, dont elle s’aime. C’est un grand cadeau de ces rituels. »

Reste à se souvenir que l’initiation n’est que le début du chemin. « En latin, initiare signifie commencer, rappelle Stéphane Gonnu. Nous sommes là pour ouvrir une porte, créer un élan. » A la personne ensuite, une fois le rituel traversé, de parvenir à en intégrer la portée dans son quotidien. Pas facile, quand rien autour de soi n’a changé… « La solitude affleure, le risque est de retomber rapidement dans ses habitudes, concède le président de MKPEF. C’est pour cela que nous avons créé des groupes d’intégration. »
C’est aussi pour cela que les hommes initiés reviennent initier à leur tour. « Y retourner, c’est remettre l’ouvrage sur le métier, se confronter à la responsabilité d’être là pour l’autre. En transmettant ce que nous avons reçu, nous continuons à recevoir », conclut Stéphane Gonnu.

Rite de passage chamanique

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Rituels chamaniques

Rituel chamanique – Paris

A QUOI SERVENT LES RITUELS ?

Article de Réjane Ereau, pour le magazine Inrees, diffusé sur le site www.inrees.com, le 22 décembre 2014.

Au nom de la raison et de l’émancipation de l’individu, notre société a délaissé les rituels. Ils ont pourtant un rôle à jouer dans la progression de l’être. Décryptage avec Ghislaine Bourgogne, psychanalyste spécialiste des thérapies traditionnelles.

 

Quelle est la différence entre un rite et un rituel ? 
L’un et l’autre sont une série d’actes codifiés qui se reproduit et se transmet. Le rite n’est pas forcément chargé de symbolisme : on peut en avoir pour sa toilette, pour son petit déjeuner… Le rituel, lui, est chargé de sens. Il a pour fonction de mettre en œuvre le symbole, dans un cadre collectif. Tout le monde se trouve un jour confronté au sens de l’existence : qui suis-je ? Où dois-je aller ? Nous devons aussi affronter des angoisses, en lien notamment avec la maladie et la mort. Face à ces interrogations, surgit le besoin de se rassembler, de se relier en tant que semblables et de se refonder dans un sentiment d’appartenance à une nature commune, mais aussi de faire alliance avec un principe supérieur. Le rituel répond à ces besoins.

En quoi nous connecte-t-il à un principe supérieur ? 
Pour qu’un individu puisse se sentir semblable à un autre, il y a besoin d’un tiers référent. Celui-ci va prendre la forme d’une unité supérieure fondatrice. Ce qui me permet de reconnaître un autre homme comme frère, c’est de considérer que nous avons un père commun. L’être humain est à la recherche de cette filiation, de cette reliance. Le rituel crée un espace-temps dédié, symbolique, pour s’y reconnecter.

Peut-on parler d’espace sacré ? 
Le sacré, c’est ce qui crée en nous le sentiment d’un lien avec le divin. L’homme est doté d’un libre-arbitre, qui lui permet d’exercer un certain contrôle sur sa destinée. Ce libre-arbitre engendre des interrogations : est-ce que j’agis de manière juste ? Suis-je sur la bonne voie ? Sous-entendu : mon inspiration est-elle bonne ? Ce besoin d’inspiration est fondamental chez l’être humain, car il le relie à une source autre. Il est le signe que nos aspirations ne sont pas que matérielles. Les enjeux sociaux et environnementaux actuels mettent plus que jamais l’homme face à son futur. Pour trouver l’inspiration juste et se sentir en lien avec la source, il ne suffit pas de s’asseoir, de fermer les yeux et de battre des mains : nous devons nous mettre dans des conditions particulières, nous désencombrer des pensées parasites, nous rendre perméables. Là est aussi l’un des rôles du rituel.

Comment savoir si l’on est en présence d’un rituel opérant, transcendant ? 
Le rituel puise normalement son origine dans une révélation. Une personne, à l’occasion d’un songe, d’une vision ou d’une illumination spontanée, se trouve en contact avec la source et reçoit l’inspiration de faire telle ou telle chose. Elle va appliquer ce qui lui a été recommandé, puis le transmettre de manière précise. Le rituel ne s’invente pas : il se reçoit. Il existe une technologie du sacré : on ne doit pas faire n’importe quoi. Inventer ses propres rituels, c’est courir le risque qu’ils soient inopérants, voire contre-productifs. Dans les sectes, par exemple, il existe pléthore de rituels, mais comme ils ne sont pas en lien avec une source véritable de fraternité et de reconnaissance de l’autre, ils ne sont qu’un outil d’emprise. Avant de participer à un rituel, il est important de se demander à quelle source on va se relier et quelle personne va le guider : a-t-elle reçu une transmission ? Dans le cadre de quelle filiation ? D’où lui vient son inspiration ? Est-elle suffisamment débarrassée de son ambition personnelle et de son désir de pouvoir ?

Un autre élément important est l’intention avec laquelle on aborde le rituel…
On voit certaines personnes accomplir toutes sortes de rituels par superstition, pour se protéger. Leur intention alors est de conjurer leurs peurs, pas de grandir dans leur humanité. Tout est affaire d’intention. On peut accomplir des rituels sans en connaître la signification symbolique ; si on les accomplit en conscience, ils auront une portée, mais si on les suit de manière automatique ou sans s’y impliquer, ils resteront stériles. Dans le bouddhisme tibétain, par exemple, il existe des rituels très codifiés ; ils sont expliqués dans certains textes, mais ce n’est qu’en les expérimentant qu’ils finissent par prendre un sens. Les tibétains disent que sur un chemin de vie, il existe plusieurs types d’empêchements : les obstacles externes (un camion en travers de la route, par exemple), les obstacles internes (un blocage psychologique ou autre) et les obstacles secrets, d’ordre spirituel, qui entravent la compréhension tant que la connaissance n’est pas suffisante. En attendant, il faut se mettre dans la bonne intention.

On sent une envie de renouer avec les rituels. Comment l’expliquez-vous ? 
Un être humain est doté d’une dimension physique, psychique, mentale, mais aussi symbolique. Un individu peut autant souffrir de troubles affectifs et psychologiques que de problèmes dans son architecture symbolique et de non prise en compte de ses besoins spirituels. Nos sociétés connaissent une perte de repères et d’identité profonde. Comme le souligne l’anthropologue David Le Breton, les avancées de la science ont parcellisé notre relation au monde et favorisé l’émergence de la notion d’individu. Il existe un lien entre la façon dont nous concevons le corps et celle dont nous nous percevons. Au Moyen-Age, le corps était perçu comme relié à la nature, au cosmos, aux éléments. La médecine médiévale parlait de maladies d’eau, d’air, de feu… Les rites et rituels étaient nombreux. En agriculture, une partie de la cueillette était offerte à la terre pour la remercier et la régénérer. A la Renaissance, la maîtrise de la dissection et de l’anatomie a rendu le corps sécable ; l’être humain a commencé à se couper de l’ensemble. En Occident, la séparation est aujourd’hui très marquée, la reliance s’est perdue. C’est elle que nous essayons de retrouver en nous intéressant à des pratiques rituelles. Avant-guerre, Jung avait déjà identifié que plus une société serait dévorée par le matérialisme, la consommation et la technologie, plus elle aurait besoin de se relier au symbolique.

Les rituels ont disparu de nos sociétés. Où aller les chercher ? 
Des gens en recherche de sens se dirigent vers des cultures où les rituels de transmission ont perduré. On peut se questionner sur le bien-fondé de cette démarche – mieux vaudrait aller chercher du côté de nos propres racines –, mais il convient aussi de remarquer que les archétypes mis en œuvre sont universels. J’ai vu des occidentaux se révéler en Amazonie, dans le cadre de rituels initiatiques traditionnels, alors qu’ils n’avaient aucune connaissance de ces pratiques ni de ces cultures. L’important, alors, est de veiller à ce que les conditions soient claires et cadrées ; sinon, cela peut créer des désordres énergétiques. En Amazonie, les diètes de plantes psychoactives obéissent à des rituels d’ouverture, de déroulement et de fermeture précis. Si ces derniers ne sont pas respectés, les dégâts peuvent être conséquents.

Faudrait-il réinstaurer des rituels de passage pour les adolescents ? 
Le besoin de marquer le passage à l’âge adulte est réel. Le rituel de passage a pour fonction de reconnaître quelqu’un dans sa croissance, de l’accueillir dans un monde. Si cette nécessité n’est pas incluse dans l’organisation sociale, elle risque d’émerger en marge de celle-ci, voire de se retourner contre elle. En l’absence de repères, les jeunes créent entre eux leurs propres rituels. Dans la consommation d’alcool et de drogue, il y a la recherche d’un inconnu et d’un état différent. On note aujourd’hui une radicalisation : avant, quand les jeunes buvaient, c’était à qui tiendrait le plus longtemps. Maintenant, c’est à qui comate le plus vite, comme pour se débarrasser d’eux-mêmes.

Avons-nous besoin de rituels au quotidien, pour nous aider à vivre ? 
Ce qui peut nous aider à vivre, c’est d’avoir des repères. Nous avons tendance à balayer nos racines, au nom de l’individualité. Cela peut être source d’angoisse, car nous avons besoin de nous sentir reliés. Nous devons parler à nos enfants (à leur niveau) de leur place et de leur filiation ; c’est ainsi que se construit le symbolique. A chacun ensuite de cerner les repères dont il a besoin, que ce soit au niveau matériel, psychologique, affectif ou spirituel. Plus l’individu avance du matériel vers le subtil, plus il est confronté à une perte de repères, plus la conscience de son identité spirituelle, au-delà de son identité égotique, devra être claire. Sinon, il risquera de dériver.

Cette démarche demande un engagement, là où la tendance est plutôt au zapping… 
Au-delà de l’impulsion de départ à explorer le champ spirituel, il faut accepter de persévérer. Il est tout à fait possible de se lancer sur ce chemin sans connaître son identité spirituelle. On peut la découvrir en explorant une voie ; si l’on en suit 20, ce sera plus compliqué ! La conscience interne, transcendante, ne peut émerger que d’un travail de confrontation, de mise à l’épreuve avec discipline, constance et discernement de ses motivations – y compris de son désir de pouvoir. Sinon, on pourra faire des expériences étonnantes, mais on ne sera relié à rien.

 

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Ce qu’un shaman voit dans un hôpital psychiatrique

Ce qu’un shaman voit dans un hôpital psychiatrique, le point de vue chamanique sur les maladies mentales.

extrait de The Natural Medicine Guide to Schizophrenia, par Stephanie Marohn (incluant Malidoma Patrice Somé), pages 178-189, ou dans The Natural Medicine Guide to Bi-polar Disorder)

Dans la vision chamanique, la maladie mentale signale la « naissance d’un guérisseur », explique Malidoma Patrice Somé. De ce fait, les troubles mentaux sont des situations spirituelles critiques, des crises spirituelles, et doivent être considérés comme tels pour aider le guérisseur à naître.

Ce que l’Occident voit comme une maladie mentale, le peuple Dagara (en Afrique de l’Ouest,Dagaaba en anglais) le voit comme «des bonnes nouvelles de l’autre monde.» La personne traversant la crise a été choisie comme médium pour porter un message à la communauté, devant être communiqué du monde spirituel. «Les troubles mentaux, les troubles comportementaux de toutes sortes, signalent le fait que deux énergies incompatibles ont fusionné dans le même champ» dit le Dr. Somé. Ces perturbations se produisent quand la personne n’est pas aidée pour faire face à la présence d’une énergie du monde spirituel.

Lorsque le Dr. Somé est venu la première fois aux États-Unis en 1980, pour ses études supérieures, l’une des premières choses qu’il a vue a été la manière dont le pays gérait la maladie mentale.  Quand un étudiant qu’il connaissait avait été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour «dépression nerveuse», le Dr. Somé était allé lui rendre visite.

«J’étais choqué. C’était la première fois que j’étais confronté directement à ce qu’on fait ici aux gens qui ont les mêmes symptômes que j’avais vus dans mon village.» Ce qui a frappé le Dr. Somé, c’était que de tels symptômes étaient perçus sous l’angle de la pathologie, avec l’idée qu’il faut stopper le trouble. C’était en opposition complète à la manière dont sa culture voyait une telle situation. Alors qu’il regardait les patients dans la salle austère, certains dans des camisoles de force, d’autres shootés aux médicaments, d’autres criants, il se disait, «C’est comme ça qu’on traite les guérisseurs naissants dans cette culture. Quelle perte ! Quel dommage qu’une personne finalement alignée avec une puissance de l’autre monde est ainsi gaspillée.»

Pour le dire autrement, d’une manière peut être plus compréhensible pour la mentalité occidentale, c’est que nous en Occident ne sommes pas formés à faire face aux phénomènes psychiques, au monde spirituel, et personne non plus ne nous apprend à reconnaître son existence. En réalité, les capacités psychiques sont dénigrées. Quand les énergies du monde spirituel émergent dans la psyché occidentale, l’individu est complètement démuni pour les intégrer ou même comprendre ce qu’il se passe. Le résultat peut être terrifiant. Sans un environnement adéquat, et une aide pour faire face à une percée d’un autre niveau de réalité, en fin de compte, la personne devient folle. De fortes doses de médicaments anti-psychotiques aggravent le problème et empêchent une intégration pouvant conduire à un développement de l’âme et une croissance de l’individu ayant reçu ces énergies.

Dans le service psychiatrique, le Dr Somé a vu beaucoup «d’êtres» qui traînaient autour des patients, des «entités» que la plupart des gens ne voient pas mais que les chamans et les médiums peuvent voir. «Elles provoquaient les crises chez ces personnes» dit-il. Il lui apparut que ces êtres essayaient d’extraire les médicaments et leurs effets des corps des personnes avec qui les êtres voulaient fusionner, et ce faisant ils renforçaient la douleur des patients. «Les êtres agissaient presque comme une sorte d’excavateur dans le champ énergétique des personnes. Ils faisaient cela avec acharnement. Les personnes concernées se mettaient à crier et à hurler» dit-il. Il ne pouvait pas rester dans cet endroit et dut partir.

Dans la tradition Dagara, la communauté aide la personne à concilier les énergies des deux mondes  – «le monde spirituel avec lequel il ou elle est fusionné(e), et le village et la communauté.» Cette personne a la capacité d’agir comme un pont entre les mondes et aide les vivants en leur apportant les informations et les soins dont ils ont besoin. La crise spirituelle se termine donc par la naissance d’un nouveau guérisseur. «La relation entre l’autre monde et le notre est celle d’un parrainage» explique le Dr. Somé. «Le plus souvent, la connaissance et les dons qui ressortent de ce genre de fusion sont une connaissance et des dons directement apportés par l’autre monde.»

Les êtres qui renforçaient la douleur des détenus de l’hôpital psychiatrique cherchaient en fait à fusionner avec les détenus pour faire passer des messages dans ce monde. Les personnes avec lesquelles ils voulaient fusionner ne recevaient pas d’aide pour apprendre comment faire un pont entre les mondes et les tentatives des êtres de fusionner étaient contrecarrées. Il en résultait la persistance du trouble initial de l’énergie et l’avortement de la naissance d’un guérisseur.

«La culture occidentale ignore constamment la naissance des guérisseurs» affirme le Dr. Somé. «En conséquence, l’autre monde aura tendance à contacter de plus en plus de personnes pour essayer de capter l’attention. C’est plus dur pour eux.» Les êtres spirituels sont attirés par les personnes dont les sens n’ont pas été anesthésiés. «La sensibilité est très souvent une invitation » note-t-il.

Ceux qui développent les soi-disant troubles mentaux sont ceux qui sont sensibles, ce que la culture occidentale définit comme de l’hypersensibilité. Les cultures indigènes ne le voient pas de cette manière et les personnes sensibles ne pensent donc pas qu’elles sont hypersensibles. En Occident, «c’est la surcharge de la culture dans laquelle ils sont qui les détruit» observe le Dr. Somé. Le rythme effréné, le bombardement des sens, et l’énergie violente caractérisant la culture occidentale peuvent accabler les personnes sensibles.

Le Dr. Somé

Schizophrénie et énergie étrangère

Dans la schizophrénie, il y a une «réceptivité spéciale à un flux d’images et d’informations, qui ne peut pas être contrôlé» déclare le Dr. Somé. «Quand cette sorte de déferlement arrive à un moment qui n’est pas choisi, et particulièrement quand il comporte des images effrayantes ou contradictoires, la personne se met à délirer.»

Dans cette situation, il est nécessaire d’abord de séparer l’énergie de la personne des énergies étrangères venant de l’extérieur, en utilisant la pratique chamanique (ce qu’on appelle un «balayage») pour nettoyer ces dernières de l’aura de la personne. Avec le nettoyage du champ d’énergie, la personne ne capte plus le flot d’informations et donc n’a plus de raison d’être effrayée et troublée, explique le Dr. Somé.

Il est alors possible d’aider la personne à s’aligner avec l’énergie de l’esprit qui tente de se manifester depuis son monde, et de donner naissance à un guérisseur. Le blocage de cette manifestation est ce qui crée les problèmes. «L’énergie d’un guérisseur est une énergie à haute tension» observe-t-il. «Quand elle est bloquée, elle brûle la personne. C’est comme un court-circuit. Les fusibles sautent. C’est pourquoi ça peut faire très peur, et je comprends pourquoi cette culture préfère enfermer ces gens. Ils crient et hurlent, et on les met dans une camisole de force. C’est un triste tableau.» Encore une fois, l’approche chamanique consiste à travailler sur l’alignement des énergies pour qu’il y ait aucun blocage, que les «fusibles» ne sautent pas, et que la personne puisse devenir le guérisseur qu’elle est destinée à être.

Cependant, il convient de noter à ce stade que tous les êtres spirituels qui entrent dans le champ énergétique d’une personne ne sont pas là à des fins de guérison. Il y a aussi des énergies négatives, qui sont des présences indésirables dans l’aura. Dans ces cas-là, l’approche chamanique consiste à les retirer de l’aura, plutôt que de travailler à s’aligner avec des énergies discordantes.

Alex : Fou aux États-Unis, guérisseur en Afrique

Pour mettre à l’épreuve sa croyance que la vision chamanique de la maladie mentale est vraie dans le monde occidental comme dans les cultures indigènes, le Dr. Somé a ramené un patient avec lui en Afrique, dans son village. «J’ai voulu savoir, par curiosité, s’il est véritablement universel que la maladie mentale soit liée à un alignement avec un esprit d’un autre monde» dit le Dr. Somé.

Alex était un américain de 18 ans qui avait vécu une crise psychotique à 14 ans. Il avait des hallucinations, était suicidaire, et traversait des cycles dangereux de dépression grave. Il était dans un hôpital psychiatrique et avait reçu quantités de médicaments, mais aucun ne l’aidait. «Les parents avaient tout essayé – sans succès» dit le Dr. Somé. «Ils ne savaient pas quoi faire d’autre.»

Avec leur permission, le Dr. Somé a ramené leur fils en Afrique. «Après huit mois ici, Alex était pratiquement normal» rapporte le Dr. Somé. «Il pouvait même participer aux soins donnés par des guérisseurs; en restant avec eux toute la journée à les aider, les assistant dans ce qu’ils faisaient avec leurs patients… Il a passé quatre ans environ dans mon village.» Alex est resté par choix, et pas pour être soigné plus longtemps. Il se sentait «bien plus en sécurité dans le village qu’en Amérique.»

Pour aligner son énergie avec l’être du monde spirituel, Alex a effectué un rituel chamanique à cette intention, bien qu’il était légèrement différent de celui utilisé chez les Dagara. «Il n’est pas né dans le village, donc il fallait quelque chose d’autre. Mais le résultat a été similaire, même si le rituel n’était pas exactement le même» explique le Dr. Somé. Le fait que l’alignement de l’énergie permit à Alex de guérir démontra au Dr. Somé que le lien entre les autres êtres et la maladie mentale est bien universel.

Après le rituel, Alex commença à partager des messages que l’esprit avait pour ce monde. Malheureusement, les personnes à qui il parlait ne comprenaient pas l’anglais (Dr. Somé n’était pas là à ce moment-là). Toute cette expérience a fini par conduire Alex dans une université, où il étudie la psychologie. Il est retourné aux États-Unis quatre ans plus tard car il s’était «rendu compte qu’il avait fait tout ce qu’il devait faire, et qu’il pouvait aller de l’avant dans sa vie.»

Aux dernières nouvelles, Alex est à Harvard en psychologie. Personne n’aurait pensé qu’il aurait pu terminer ses études de premier cycle, et encore moins avoir un diplôme d’études supérieures.

Le Dr. Somé résuma ce que la maladie mentale d’Alex indiquait : «Il demandait de l’aide. C’était un appel d’urgence. Sa tâche et son destin était d’être guérisseur. Il disait que personne n’y portait attention.»

Après avoir constaté l’efficacité de l’approche chamanique sur Alex, le Dr. Somé conclut que les êtres spirituels sont tout aussi problématiques en Occident que dans sa communauté en Afrique. «La réponse à cette question pourrait se trouver ici, au lieu de devoir faire tout le chemin pour la trouver à l’étranger. Il pourrait y avoir un moyen de dépasser toute l’expérience de la pathologie, pour avoir la possibilité de former le rituel approprié pour aider les gens.»

Le désir de connexion spirituelle

Un point commun que le Dr Somé a remarqué dans les troubles «mentaux» en Occident est «une énergie ancestrale très ancienne qui a été placée en stase, et qui finalement émerge dans la personne.» Il faut alors la retracer, remonter dans le temps pour découvrir quel est cet esprit. Dans la majorité des cas, l’esprit est lié à la nature, surtout aux montagnes ou aux grands cours d’eau, dit-il.

Dans le cas des montagnes, pour donner un exemple illustrant le phénomène, «c’est l’esprit de la montagne qui marche à côté de la personne et qui, en conséquence, crée une distorsion spatio-temporelle qui affecte la personne prise à l’intérieur.» Il est alors nécessaire d’avoir une fusion ou un alignement des deux énergies, «pour que la personne et l’esprit de la montagne ne fassent plus qu’un.» Encore une fois, le chaman réalise un rituel spécifique pour obtenir cet alignement.

Le Dr. Somé croit qu’il est souvent confronté à cette situation aux États-Unis car «la majeure partie du tissu de ce pays est constituée de l’énergie de la machine, et il en résulte une déconnexion et une rupture d’avec le passé. Vous pouvez fuir le passé, mais vous ne pouvez pas vous cacher.» L’esprit ancestral du monde naturel nous rend visite. «Ce n’est pas tant la volonté de l’esprit mais la volonté de la personne» dit-il. «L’esprit voit en nous une aspiration à quelque chose de grand, quelque chose qui donne du sens à notre vie, et donc l’esprit répond à cela.»

Cet appel, que nous faisons sans même le savoir, reflète un «désir puissant d’une connexion profonde, une connexion qui transcende la matérialisme et la possession des choses, et qui pousse vers une dimension cosmique tangible. Ce désir est en grande partie inconscient, mais pour les esprits, il n’y a pas de différence entre le conscient ou l’inconscient.» Ils répondent aux deux.

Dans le rituel pour fusionner l’énergie de la montagne et l’énergie humaine, ceux qui reçoivent «l’énergie de la montagne» sont conduits dans une zone de montagnes de leur choix, où ils ramassent une pierre qui leur parle. Ils ramènent la pierre pour le reste du rituel et la gardent comme compagnon; certains la portent même sur eux. «La présence de la pierre fait beaucoup pour régler la faculté de perception de la personne» note le Dr. Somé. «Ils reçoivent toutes sortes d’informations qu’ils peuvent utiliser, c’est donc comme s’ils obtenaient des indications tangibles, venant de l’autre monde, sur la manière de vivre leur vie.»

Quand c’est « l’énergie d’une rivière», ceux qui sont appelés vont voir la rivière et, après avoir parlé à l’esprit de la rivière, trouvent une pierre dans l’eau qu’ils ramènent pour le même genre de rituel qu’avec l’esprit de la montagne.

« Les gens pensent que quelque chose d’extraordinaire doit être fait dans une situation extraordinaire telle que celle-ci» dit-il. Ce n’est généralement pas le cas. Parfois, c’est aussi simple que de porter une pierre.

L’approche du rituel sacré pour la maladie mentale

L’une des choses qu’un chaman peut apporter au monde occidental est de permettre aux gens de redécouvrir le rituel, qui fait si cruellement défaut. «L’abandon du rituel peut être dévastateur. Du point de vue spirituel, le rituel est inévitable et nécessaire si l’on veut vivre» écrit le Dr. Somé dans Ritual:  Power, Healing, and Community. «De dire que le rituel est nécessaire dans le monde industrialisé est un euphémisme. Sans cela, nous avons vu dans mon propre peuple qu’il est probablement impossible de vivre une vie saine.»

Le Dr. Somé ne pensait pas que les rituels de son village traditionnel pouvaient être simplement transférés en Occident, et donc dans le cadre de son travail chamanique, il a conçu des rituels qui correspondent aux différents besoins de cette culture. Bien que le rituel change selon l’individu ou le groupe impliqué, il perçoit que certains rituels sont en général nécessaires.

L’un d’eux consiste à aider la personne à découvrir que sa détresse vient du fait qu’elle est «appelée par des êtres de l’autre monde qui veulent s’allier avec elle pour effectuer un travail de guérison.» Le rituel permet de résoudre cette détresse et de répondre à cet appel.

Un autre rituel dont nous avons besoin est celui de l’initiation. Dans les cultures indigènes du monde entier, les jeunes sont initiés au monde des adultes quand ils atteignent un certain âge. L’absence d’une telle initiation en Occident explique en partie la crise dans laquelle les gens sont ici, dit le Dr. Somé. Il encourage les communautés à réunir «les idées créatives des gens qui ont eu ce genre d’expérience, pour former une sorte de rituel alternatif qui puisse au moins réduire ce genre de crise.»

Un autre rituel qui répond souvent aux besoins des personnes qui viennent demander son aide, consiste à faire un feu de joie, et de brûler tous les «éléments symboliques des problèmes que l’on porte à l’intérieur (…) Ce peut être des problèmes de colère et de frustration contre un ancêtre qui a tué des gens, était esclavagiste, ou quoi que ce soit, un héritage avec lequel doivent vivre les descendants», explique-t-il. «Si ces choses sont perçues comme bloquantes pour l’imagination humaine, le but de la vie de la personne, ou même qu’elles enferment dans une vision négative sur la vie, alors il est logique de réfléchir à comment transformer ce blocage pour en faire un chemin vers quelque chose de plus créatif et de plus épanouissant».

L’exemple des problèmes avec les ancêtres se retrouve dans les rituels conçus par le Dr Somé, révélant un grave dysfonctionnement dans la société occidentale et dans le processus menant à «l’illumination». Ce sont des rituels ancestraux, et le dysfonctionnement qu’ils visent est notre attitude, le fait de «tourner le dos» massivement aux ancêtres. Certains des esprits qui tentent de se manifester, comme nous l’avons dit, peuvent être des «ancêtres qui veulent fusionner avec un descendant parce qu’ils souhaitent guérir ce qu’ils n’étaient pas en mesure de faire dans leur corps physique.»

«Quand la relation entre les vivants et les morts n’est en équilibre, c’est le chaos», dit-il. «Les Dagara croient que si un tel déséquilibre existe, il est du devoir des vivants de guérir leurs ancêtres. Si ces ancêtres ne sont pas guéris, leur énergie malade va hanter les âmes et les psychés de ceux qui ont pour responsabilité de les aider.» Les rituels se concentrent sur la guérison de la relation avec nos ancêtres, portant à la fois sur les problèmes particuliers d’un ancêtre individuel, et les problèmes culturels plus généraux que renferme notre passé. Le Dr. Somé a vu des guérisons extraordinaires se produire lors de ces rituels.

Adopter l’approche du rituel sacré pour la maladie mentale, plutôt que de considérer la personne comme un cas pathologique, donne à la personne affectée — mais aussi à la communauté dans son ensemble — l’occasion de regarder les choses de ce point de vue, ce qui conduit à «une pléthore d’opportunités et d’initiatives de rituels qui peuvent être extrêmement bénéfiques pour toutes les personnes présentes,» déclare le Dr Somé.

Chamanisme et psychothérapie

Chamanisme et psychothérapie

Interview du psychiatre psychothérapeute Olivier Chambon par la revue Hozho, janvier 2012.

HOZHO: A quelle limite ou lacune se heurtent les psychothérapies classiques pour que l’homme moderne en revienne au chamanisme comme possible solution de soins ?

Olivier Chambon: Les psychothérapies modernes soignent la personnalité, le mental, mais négligent une partie essentielle de l’homme : sa partie spirituelle, à savoir son âme et son esprit. Elles font l’impasse sur les capacités quantiques de la conscience, c’est-à-dire son indépendance vis-à-vis du temps et de l’espace, son interconnexion à toutes les autres formes de conscience, son action possible sur la matière et sur les événements, sa survie lors de la mort du cerveau. Le chamanisme prend en compte toutes ces données et les intègre dans ses interventions thérapeutiques.

Ce retour à une technique «archaïque» de soin traduit-il également une forme de régression dans le comportement des sociétés modernes «mondialisée», tel un besoin de retrouver ses racines?

Un arbre qui pousse ne régresse pas, il progresse: le chamanisme a toujours été cet arbre vivant, en croissance, en mutation, s’adaptant à l’évolution du monde, et là, maintenant, il attrape au passage dans ses branches les psychothérapies occidentales pour les aider à se dépasser, à se transcender, à aller plus haut dans leur portée thérapeutique, à réunifier thérapie de la personnalité et thérapie de l’âme.

Comment «co-habite» ton esprit scientifique de médecin psychiatre et ton «esprit d’ouverture spirituel» que te procure la pratique du chamanisme? Y’a t’il une barrière à ne pas franchir dans la transcendance?

Je me réfère aux travaux, tout à fait scientifiques, de la physique quantique. Ce domaine de recherche offre des modèles de compréhension du réel capable d’expliquer à la fois notre perception habituelle de la réalité ordinaire et les phénomènes observés dans la réalité non ordinaire en état modifié de conscience. Les expériences étudiées par le modèle matérialiste (à ne pas confondre, comme on le fait souvent avec « La Science ») ainsi que celles se produisant lors de la pratique chamanique ne sont que deux domaines particuliers d’application de la physique quantique. Matérialisme et spiritualité ne s’opposent donc pas : ils constituent justes deux facettes d’une réalité plus globale. La science consiste à élaborer des hypothèses, trouver le moyen de rassembler des données permettant de valider ou d’invalider l’hypothèse. Notre civilisation occidentale est, comme le dit Harner «cognitivo-centriste», c’est-à-dire qu’elle repose sur l’a priori, la croyance (donc pas du tout scientifique, à cet égard), que seuls les observations faites dans un état rétréci de conscience (ce que l’on appelle l’état ordinaire de conscience) sont utilisables par la science. Ce qui est complètement paradoxal: il me semble plutôt logique de considérer que les données recueillies en état élargi de conscience (ou état modifié de conscience, ou état de conscience chamanique selon Harner) sont encore plus valables et dignes d’intérêt pour tester des hypothèses sur ce qu’est la réalité.

Justement en parlant des données recueillies en état élargi de conscience, est-ce que «l’animal de pouvoir» tel que décrit par Harner en fait parti?

Oui, d’ailleurs un «animal de pouvoir», peut apparaître spontanément lors d’un EMC survenant dans un contexte non chamanique: par exemple lors d’une séance d’hypnose classique. Il semble qu’il s’agisse là d’une potentialité universelle qu’a l’esprit humain de pouvoir rentrer en contact avec ce genre de présence.

Dans le langage psy, à quoi correspond l’animal de pouvoir et d’où provient la force qu’il nous procure ? Est-il influencé ou non par notre biographie et permanent ou au contraire, il évolue avec l’être?

En langage psy, on pourrait très bien se servir du terme de «numinosité» définie par Jung comme étant l’énergie attachée aux formes archétypales dans la psyché. Pour Jung, les «esprits alliés» correspondent en fait à des manifestations du Soi supérieur. Les archétypes jungiens, contrairement aux «idées platoniciennes» sont évolutifs et peuvent changer de forme ou de contenu en même temps que la progression du degré d’individuation du sujet. Il en est donc ainsi des animaux de pouvoir, qui ont eux même des capacités de «shape shifting» ou de changement de forme, et des fonctions évolutives au cours du temps.

A ton avis, qui soignent lors d’un voyage chamanique ? Les esprits du chaman ou ceux du patient?

A mon avis les esprits et l’énergie du chamane permettent de remettre le patient en contact avec ses esprits ou son propre Esprit, qui ensuite jouent le rôle de «guérisseur intérieur» en lui.

Dans Le Chamane & le Psy, que tu as co-écrit avec Laurent Huguelit, tu soulèves que la psychanalyse a aussi pour effet de renforcer l’ego des gens. Partir en voyage chamanique à la rencontre de son animal de pouvoir le renforce aussi non?

Les esprits alliés, comme l’animal de pouvoir (AP), sont appelés «esprits compassionnés»: ils apportent une aide aimante au sujet, qui peut effectivement en arriver à ressentir cet amour qu’ont pour lui ses alliés. Se sentir profondément aimé ne renforce pas l’ego, au contraire, cela le relâche: l’ego ne cherche à se renforcer que parce qu’il a l’impression d’avoir à se débrouiller seul dans un monde sans amour pour lui. L’AP ancre ainsi une nouvelle relation d’objet intériorisée saine dans le psychisme du sujet, et instaure ainsi une sorte de «reparentage» de l’enfant intérieur blessé. De plus l’AP est vécu comme séparé et distinct de l’ego, ce qu’il fait qu’il ne renforce pas l’ego du sujet, mais l’ouvre a une réalité qui lui est supérieure, pour ne pas dire transcendante.

Raconter ses démons sur un divan ou se discipliner à battre du tambour jusqu’à ce que le «je» s’effondre, est-ce que c’est la même victoire, peut importe le temps pour y parvenir?

En psychanalyse freudienne le but est effectivement qu’à partir du «ça» advienne le «moi». L’ambition d’une psychanalyse jungienne comme d’une cure chamanique est plus ambitieuse: que le «je» laisse place au Soi, à la partie spirituelle de la personne.

Laurent dit: «ce sont les esprits qui soignent la personne» et un peu plus loin, «il faut que se soit rapide»… Le patient ne fait que l’effort de se déplacer chez le chaman finalement? Il ne se responsabilise plus de ses modes de pensée, il ne retrouve pas la cause de son mal? Est-ce que la guérison ne sera que temporaire?

Oui, tout à fait. On constate que pour que l’effet d’une cure chamanique dure, il faut souvent que le sujet «mette la main à la pâte» pour stabiliser sa guérison. D’où l’intérêt d’une psychothérapie conjointe; si le sujet ne change pas ses habitudes physiques, émotionnelles, et mentales, le bout d’âme recouvert par le chamane ne restera pas dans le sujet, s’enfuira à nouveau pour ne pas être «maltraitée», ou l’intrusion enlevée reviendra se loger dans la faille de la personnalité restée ouverte.

Tout au long du livre, vous parler d’histoires de «pouvoir», des esprits des chamans… Comment occulter le transfert et le contre-transfert dans une dynamique de pouvoir constante? Les esprits et les chamans ont aussi un ego qui peut jouer à prendre des formes trompeuses? L.H., p.51, «les esprits existent et ils ont une réalité en dehors de nous».

Comme je le disais précédemment, le monde d’en bas et le monde d’en haut sont peuplés d’esprits compassionnés et ne risquent pas d’être le théâtre de dérives égoïques ou de luttes de pouvoir sorcier. Dans le monde du milieu, par contre, les esprits ont une durée de vie limitée, la mort y existe, le temps et l’énergie y sont comptés, c’est donc du donnant – donnant, et une lutte de pouvoir peut s’installer.
C’est un monde où l’éthique n’est pas ce qui prédomine. Les éléments, par exemple (air, terre, feu, eau), n’ont pas d’ego au sens humain du terme, simplement leur force est brute, ils n’ont pas une «morale» propre qui accompagne leur force: cette force doit donc être dirigée par l’intention de guérison du chamane et canalisée avec l’aide d’un de ses esprit alliés. L’amour est la seule force qui permette de canaliser l’intention soignante et de «lasériser» l’énergie du chamane pour que le «pouvoir» recueillis par celui-ci ne soit pas au service de l’auto-agrandissement de son ego mais constitue vraiment une force compassionnée au service de l’Esprit.

«Je me dis toujours que ce ne sont pas les psychédéliques en tant que substances qui agissent….qui créent l’expérience mystique».(p.58) Selon toi, «l’esprit de la plante» même n’intervient pas? C’est uniquement une substance qui permet d’ouvrir un canal personnel?

Ah si, les deux sont vrais; la plante nous ouvre à notre «Esprit» mais aussi à d’autres esprits, indépendants (esprits de la plante et de son «égrégore»).

Les psychiatres semblent convaincus de la nécessité des anti-dépresseurs, médicaments,.. est-ce que ta démarche «chamanique» avec les psychédéliques en découle? Est-ce que le monde du milieu avait déjà cette emprise sur toi? Quelle place occupe maintenant le voyage au tambour?

Tous les psychiatres ne sont pas «convaincus de la nécessité des psychotropes (anti-dépresseurs entre autres). En tout cas pas moi. Cependant, les médicaments sont parfois inévitables, lorsque la souffrance du patient est vraiment trop grande et insupportable, si on ne veut pas laisser la personne s’y engluer et devenir inaccessible à tout soin psychothérapique. Mais un traitement médicamenteux n’est jamais suffisant et devrait toujours s’accompagner d’une psychothérapie qui le rendra inutile à long terme.
Mon intérêt pour les psychédéliques ne vient pas de ma formation de médecin mais de mon émerveillement pour l’accès «facilité» à la transcendance que permettent ces substances, ainsi que l’ouverture rapide qu’elles autorisent sur la réalité d’autres mondes peuplés d’esprit. Cette rapidité et cette facilité en font en même temps toute la «dangerosité» lorsqu’elles ne sont pas ingérées dans un cadre très protégé en présence d’experts (comme les chamanes) qui peuvent en réguler les effets. Les psychédéliques permettent de faire entrevoir qu’il existe bel et bien une autre réalité bien plus riche et multidimensionnelle que celle perçue en état ordinaire de conscience. Cette expérience constitue alors une référence, un «phare» qui brille au loin pour nous rappeler ce qui est possible et nous guider dans notre progression spirituelle. Mais après il vaut mieux cheminer plus lentement mais sûrement, grâce eu tambour. Tal Schaller dit avec justesse que prendre des psychédéliques c’est comme prendre l’avion: on arrive très vite très loin, sans avoir pu contempler le paysage du trajet, et une fois qu’on est dans l’avion on ne peut plus descendre. Alors qu’utiliser le tambour pour se mettre en transe, c’est comme voyager en marchant sur un petit chemin de campagne: on y va à son rythme, on profite du paysage , et on peut s’arrêter quand
on veut. C’est pour cela que je préconise aux gens de ne pas faire trop d’expériences psychédéliques (dans les pays où c’est légal), mais de vite trouver un autre moyen (yoga, méditation, tambour, chant , danse, etc..) pour maîtriser les états modifiés de conscience nécessaires à la pratique du chamanisme. De toute façon en France les psychédéliques sont interdits: donc ça règle le problème!

Lors d’un soin, le chaman remet les énergies et «les bouts d’âmes» à leur place. Mais le patient ne touche pas à cette matière qui lui appartient, il s’en remet de nouveau au «guérisseur à l’extérieur de lui. Où est l’évolution thérapeutique finalement? L’humain est-il condamné à dépendre éternellement d’un autre pour rejoindre son âme?

Dans la «psychothérapie chamanique» (synthèse de psychothérapie et de chamanisme), un point très spécifique estque le patient apprend à devenir son propre guérisseur, à savoir activer son propre «guérisseur intérieur». Il participe activement lors de la séance, il lui est expliqué les actions du thérapeute, il peut effectuer des actions soignantes sur lui-même lors du rituel et des «tâches» à entreprendre après la séance lui seront prescrites, pour soutenir le changement survenu. Il peut aussi apprendre des procédures pour continuer à effectuer des recouvrements d’âme ou des extractions
chamaniques sur lui-même (par exemple en employant des techniques d’hypnose symbolique de Lockert).

Quel accueil as-tu avec cette psychothérapie chamanique en France? A-t-elle une chance, légalement et pratiquement parlant, de s’installer en cabinet ?

De plus en plus de «psys» français suivent les séminaires de la FSS avec Laurent Huguelit. Certains d’entre eux m’interpellent (mail, facebook) depuis la parution du livre Le Chamane et le Psy. Mais cela reste un sujet encore assez confidentiel: je suis sûr qu’aucun de mes confrères psychiatres lyonnais (à part deux amis) ne connaisse ce livre ou mon intérêt pour le sujet. En Juin 2012 paraîtra mon livre «psychothérapie et chamanisme» chez Guy Trédaniel, on verra alors l’accueil que cela recevra chez les soignants français. Ceci dit, un média français majeur comme Psychologie Magazine publie de plus en plus d’articles sur le chamanisme. Légalement, du moment qu’on a le statut (officiel, maintenant, en France) de psychothérapeute, on peut bien utiliser des techniques et concepts d’approches variés, pourvu qu’ils soient utiles et ne nuisent pas au patient.

Est-ce que tes patients sont majoritairement demandeurs de cette pratique ou y’a t’il encore des gens qui te contactent pour une psychothérapie classique? Es-tu «catalogué» par tes écrits?

Non j’ai très peu de patients qui viennent me voir pour «du chamanisme». Très peu d’entre eux savent ou sont intéressés par le fait que je m’intéresse de près au chamanisme. 98% viennent me voir pour les psychothérapies tout à fait classiques que j’emploie, même si évidemment mes techniques ne sont pas toujours très «classiques» vu qu’elles intègrent la spiritualité et les états modifiés de conscience.

Psychothérapie et chamanisme semblent faire bon ménage, y vois-tu des obstacles au quotidien ?

Aucun obstacle réel. A part nos propres limites conceptuelles, notre inhibition créative, ou nos préjugés.

Est-ce que les pratiques chamaniques ont changées ta perception de la mort?

Non, intuitivement j’ai su, depuis tout petit, qu’il y avait une survie de l’âme après la mort. Quelques années avant de m’intéresser au chamanisme, je m’étais mis à lire la littérature aanglo-saxonne sur les Etats de mort Imminentes (les fameuses Near Death Experience ou NDE), et le vécu des gens qui passaient par cette expérience, ainsi que les faits objectifs qui prouvaient qu’ils n’avaient pas «hallucinés», apportèrent à mes yeux une confirmation scientifique de l’indépendance de la conscience vis-à-vis du cerveau. Je vais d’ailleurs sortir un livre sur ce dernier sujet (mars 2012) chez l’éditeur Guy Trédaniel! Les pratiques chamaniques, par contre, m’ont procuré des méthodes pratiques pour m’adresser aux esprits des défunts, dans différents buts, ou bien pour aider l’âme d’un défunt à reprendre ou à continuer son évolution spirituelle, lorsqu’une partie de celle-ci reste accrochée à des niveaux énergétiques inférieurs. Dans ce dernier cas, il faut alors procéder à une sorte de «recouvrement d’âme pour le défunt»!.

 

Bibliographie

O.Chambon, La médecine psychédélique-le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes, Editions Les Arènes, 2009
O.Chambon, M.Marie-Cardine, «Les bases de la psychothérapie», 3ème édition, 2010
L.Huguelit, O.Chambon, «Le chamane et le Psy», Mama Editions, 2010.
FSS – Foundation for Shamanic Studies

 

L’hôpital s’ouvre aux guérisseurs

L’hôpital s’ouvre aux guérisseurs

article de Patrice van Eersel, Marie Borrel, 2014, pour le hors-série Santé de Clés.

Ils sont rebouteux, magnétiseurs ou coupeurs de feu. Ils posent leurs mains, récitent des prières et soulagent les patients. Entre ces thérapeutes aux pratiques mystérieuses et les médecins, le dialogue s’est enfin instauré.

Cela peut arriver à n’importe qui. Vous vous êtes brûlé, vous courez aux urgences. Vous souffrez affreusement malgré les antalgiques. Vous hélez l’infirmière qui réagit de façon imprévue : elle vous demande si cela vous dirait d’appeler un coupeur de feu. «Un quoi ?» Elle vous tend une liste de numéros de téléphone et dit à voix basse : «Ça peut paraître bizarre, mais ils ont déjà soulagé quantité de patients. Rien d’officiel, mais nous vous garantissons que c’est sans danger.» La douleur est telle que vous n’hésitez pas longtemps avant de pianoter sur votre portable. Une voix vous demande juste votre nom. Vingt minutes plus tard, la souffrance a disparu.

Cette scène est devenue presque banale dans certains services hospitaliers, à Saint-Brieuc, Rodez, Annemasse ou Marseille, où l’on nous confirme – de façon en général officieuse – que l’on fait régulièrement appel aux «coupeurs (ou barreurs) de feu». Pour soulager la douleur, pour accélérer la cicatrisation des brûlures suite à un accident ou lors d’un traitement du cancer par radiothérapie.
Cette étrangeté n’est que la partie émergée d’un vaste ensemble. Contre toute attente, à l’ère scientifique, même dans notre très cartésienne France, médecins et guérisseurs (ou magnétiseurs, coupeurs de feu) collaborent de multiples façons. Pour traiter des urgences ou des troubles chroniques réputés inguérissables. Quels médecins osent en parler ? Rarement les pontes, dont la plupart ne sont d’ailleurs pas au courant. Patron des urgences à l’hôpital Nord de Marseille, le docteur Philippe Jean lève un sourcil perplexe : «Coupeur de feu ? Connais pas. Mais je vais demander à mes infirmières si elles en ont entendu parler.» Ces dernières lui répondront par l’affirmative… sans s’avancer davantage, le sujet est risqué. Même curiosité étonnée de la part de la cancérologue Laure Copel, à l’institut Curie. Chef du service d’oncologie médicale à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, le professeur Jean-Marie Andrieu, lui, a déjà eu vent de ces «magnétiseurs censés vous retirer le feu». Mais il doute du sérieux de l’affaire : «Ça se saurait ! Dommage, je ne demanderais pas mieux, on a tant de complications en radiothérapie. Ramenez-moi un seul cas traité par vos magiciens et observé selon les critères scientifiques et on en reparle».
Le flirt entre système hospitalier et guérisseurs se joue davantage dans le monde des infirmières que dans celui des médecins. Discrètement informés, les chefs de clinique laissent souvent faire… à condition que l’on n’en sache rien. Toutefois, certains s’y intéressent, avec un mélange de perplexité et de fascination, et prennent le risque d’en parler.
Leur diagnostic, un vrai scanner 
Ancien chef de clinique en cardiologie puis en médecine interne, devenu psychiatre, enseignant en psychothérapie à la faculté de Bordeaux, le professeur Gérard Ostermann a depuis longtemps repéré les facultés hors normes de certaines guérisseuses. «La première s’appelait Claudine. On la consultait discrètement à l’Institut de cancérologie de Reims, soit pour aider à déceler la source d’un mal qu’on ne parvenait pas à élucider, soit pour confirmer une hypothèse peu sûre. La pertinence de son ressenti était stupéfiante. Elle devenait moins fiable quand elle tentait d’intellectualiser la chose et se piquait de donner ses interprétations. Depuis, des guérisseurs, j’en ai connu plusieurs. Leur capacité à soigner toutes sortes de maux de façon “énergétique” est indéniable – des brûlures aux rhumatismes, des abcès aux calculs. Je reste fasciné par leur diagnostic, un vrai scanner, et par leur humilité : la majorité ne se fait pas payer. Les guérisseurs ne deviennent dangereux que lorsque leur ego enfle et qu’ils prétendent faire de la science. Globalement, ce qu’ils font bouleverse notre vision de la maladie, du corps, de la médecine, du réel… Tout est à revoir !»
Pour la plupart des médecins qui osent évoquer leur collaboration avec les guérisseurs, celle-ci se justifie de façon très pragmatique. Ainsi, le docteur Alain Marre, chef du service de radio-oncologie du centre hospitalier de Rodez (Aveyron) : «Voilà plus de trente ans que j’oriente mes patients vers des guérisseurs pour soulager les douleurs, sans a priori : j’ai juste constaté que cela améliorait leur état. Dois-je refuser sous prétexte qu’on ignore comment ça marche ?»
Ils palpent des flux invisibles
D’une dizaine d’interviews de guérisseurs se dégage un profil type. Rares sont ceux qui voient leur «don» se déclencher en cours de vie, telle Patricia Alleli, d’Aix-en-Provence, qui l’a découvert à 48 ans, après un accident cérébral. Généralement, ça commence très jeune. Dès l’âge de 4 ans, Jean-Luc Bartoli ne supporte pas de voir quelqu’un souffrir et pose compassionnellement ses mains sur lui. Au même âge, Brigitte, de Besançon, sauve des lapins mortellement malades de sa grand-mère : ceux sur le ventre desquels elle a posé les mains. A 5 ans, Corinne, de Marseille, fait du bien à tous ceux qu’elle touche, notamment l’une de ses tantes souffrant d’arthrose : très vite, le voisinage entier sait que ses mains soignent.
Pour Josette, de Montélimar, le phénomène a démarré à 2 ans. «Je croyais que tout le monde était comme ça : quand je pose ma main sur quelqu’un, je ressens de l’électricité. Et quand j’arrive sur une zone souffrante, ça me pique, comme si une pointe jaillissait. Si je laisse ma main un moment, la piqûre s’en va et la souffrance de la personne aussi. Aujourd’hui, j’ai 85 ans et j’en ai soigné, des gens ! Jamais je ne me suis fait payer : ce don me dépasse, impossible de le monnayer. Je ne crois pourtant pas au bon Dieu…» Vivant de sa pension de veuve de gendarme, elle précise : «Si vous voulez que je vous soigne, ne me dites pas ce que vous avez ! Ma tête doit rester au repos. Si elle se met à gamberger, je ne suis plus bonne à rien.»

Notre esprit rationnel a d’autant plus de mal à comprendre que les guérisseurs ne se contentent pas de poser leurs mains sur leurs patients. Ils palpent aussi des flux invisibles qu’ils semblent peigner, ou rassembler, ou recoudre, vous expliquant, comme Pierre

Yonas qui soigne l’équipe de handball de Savigny-sur-Orge : «J’ai senti une fuite d’énergie au niveau de l’omoplate d’un joueur, je l’ai colmatée». L’affaire se corse quand on découvre que beaucoup soignent aussi à distance, souvent en se concentrant sur une photo du patient, et parfois à l’insu de la personne souffrante, celle-ci pouvant être un bébé ou un animal. «Par exemple, mes chevaux, dit Michelle, que je soigne depuis des années, après avoir appris, non seulement à les toucher, mais à me mettre à l’intérieur d’eux, à leur place.»
Hypothèses d’explication
Les guérisseurs eux-mêmes reconnaissent ne pas savoir «comment ça marche». Beaucoup évoquent une grâce divine et quasiment tous insistent pour dire qu’ils ne servent que de catalyseur réveillant les capacités de guérison internes du patient. Nous interrogeons Brigitte Grimm-Laforest, présidente du Groupement national pour l’organisation des médecines alternatives (Gnoma) et vice-présidente du Syndicat national des magnétiseurs et praticiens des méthodes naturelles et traditionnelles (Snamap). «Notre vocation est d’abord de soigner, dit-elle. Des dizaines d’entre nous travaillent en France avec des médecins. Mais scientifiquement, nous sommes incapables d’expliquer notre efficacité. Aux chercheurs qui nous traitent de charlatans, nous renvoyons la balle : venez donc nous étudier et dites-nous pourquoi ça marche ! Après tout, c’est votre boulot, pas le nôtre.»
Les scientifiques étudiant ces pratiques ne sont pas légion : le sujet est tabou. Mais des recherches existent. Ces mains qui soignent, se dit-on, dégagent probablement un genre d’électromagnétisme dont on devrait pouvoir découvrir comment il guérit. Cela rejoindrait le courant de pensée selon lequel une médecine «quantique», fondée sur les rayonnements, devrait compléter au XXIe siècle la médecine «chimique», fondée sur les molécules. Mais avant cela, il y a l’explication «placebo» : l’influence des guérisseurs, surtout psychologique, reposerait sur la croyance et la confiance du patient.
A la question du « comment » les réponses des guérisseurs eux-mêmes sont divisées. Les uns pensent être traversés par une force «sacrée» que nulle science ne pourra jamais appréhender. Les autres affirment qu’il n’y a rien de magique dans ces phénomènes de libération énergétique et que la science médicale aurait tout intérêt à les étudier de près. Voyez-vous une troisième solution ?

Médecin et chaman à la fois

Médecin et chaman à la fois
article de Sophie Chiche, pour Psychologie.com, janvier 2000.

Associer le chamanisme des Cherokees et la chimiothérapie ? C’est le pari réussi du centre de médecine complémentaire de Pittsburgh, un de ces hôpitaux américains où l’on invente aujourd’hui la médecine de demain.

Sommaire
  • Enterrer la hache de guerre avec soi-même
  • Les sept piliers de guérison cherokee
  • Andrea se regarde en face
  • Sarah respire enfin
  • La maman de Palmer ne croit plus au miracle
  • Trois questions à
  • L’avis du médecin

La médecine ? Nous sommes nombreux à ne pas en être satisfaits et à chercher des traitements alternatifs. Hélas, ces méthodes, souvent exercées sous le manteau, attirent patients désespérés et charlatans cupides. Pour contrer cette tendance, une vingtaine d’hôpitaux américains ont décidé de créer des centres de médecine complémentaire. Là, dans un cadre hospitalier « ordinaire », le patient reçoit des soins inspirés d’anciennes traditions et des récentes découvertes de la psychologie et du développement personnel. Il ne s’agit pas de remplacer chimiothérapie par acupuncture. Yoga, méditation, massage, visualisation, nutrition se pratiquent en complément d’un traitement conventionnel. Lewis Mehl-Madrona, médecin, psychiatre et chaman travaille dans l’un de ces centres où l’on invente aujourd’hui la médecine de demain.Visite guidée.

Enterrer la hache de guerre avec soi-même

Pittsburgh, Pennsylvanie. Quatrième étage de l’un des plus grands hôpitaux américains, le Shadyside Hospital. Les patients qui viennent consulter sortent d’une chimio, souffrent de crises d’asthme ou d’épilepsie, sont maniaco-dépressifs ou autistes. C’est leur médecin traitant qui leur a recommandé le centre. Leur périple commence par le bureau de Beverly Spiro, infirmière et directrice administrative : « Quand un patient arrive ici, la partie “technique” de sa maladie est souvent déjà prise en charge. Ensemble, nous déterminons ce qui demeure déséquilibré dans le reste de son être, avant de lui proposer des traitements adaptés, à la séance ou en cure intensive d’une semaine. »

Chaque jeudi, Lewis Mehl-Madrona anime un groupe ouvert à tous, où il raconte des histoires cherokees sur la guérison, l’acceptation, le courage. Aujourd’hui, il parle de la « guerre » – celle que nous menons contre nous-même – et il propose de faire la « paix » avec ce que nous rejetons, critiquons, haïssons ». Un patient auquel on soigne un organe malade, mais qui répète le même dialogue intérieur et les mêmes comportements – alimentaires, par exemple – a de fortes chances de développer les mêmes symptômes, explique Lewis. Notre mission : l’aider à mettre en place de nouveaux comportements et de nouveaux schémas de pensée, afin qu’il vive différemment une fois guéri. »

Les sept piliers de guérison cherokee

Le centre fonctionne selon sept principes de guérison, inspirés de la tradition amérindienne.

  1. Passer du temps avec le malade. « La médecine moderne ne prend plus le temps d’explorer l’influence de l’histoire du malade sur sa maladie, explique David Servan-Schreiber, psychiatre et directeur médical du centre. Pourtant, tout médecin qui y prête attention est forcé de reconnaître la relation entre le corps et l’esprit.
  2. Soigner chacun selon son besoin. Si cinq diabétiques prennent de l’insuline, cela ne signifie pas qu’ils vivent la même histoire, ni qu’ils doivent entreprendre les mêmes changements pour améliorer leur vie.
  3. Etablir une relation de confiance avec le patient. Plus le médecin connaît la vie de son patient, plus il pourra l’aider à la rééquilibrer. Les médecins ne sont pas interchangeables, prévient Lewis. La confiance mutuelle ne peut s’installer que dans la durée »
  4. Offrir une seconde chance au patient. Au siècle dernier, chez les Cherokees, le malade passait du temps avec le chaman de son village. S’il n’arrivait pas à être soigné, il partait rencontrer le chaman du village voisin. S’il ne guérissait toujours pas, il changeait de nom, d’épouse, d’identité et recommençait à zéro. Traduction de Lewis : « Pour guérir, il faut parfois en passer par un changement radical. »
  5. Ouvrir un champ de possibilités. « Quand un médecin lance à un malade qu’il ne lui reste plus que six mois à vivre, cela n’induit ni confiance ni espoir. Le malade part vaincu. » Le médecin, sans jamais faire de promesse, doit instiller chez son patient la foi en une possible guérison.
  6. Se connecter avec une force qui nous dépasse. Le médecin doit reconnaître avec humilité que ce n’est pas lui qui soigne. « 70 % de la guérison vient des efforts du patient, 20 % de l’aide de Dieu et 10 % seulement du guérisseur qui fait ce qu’il peut pour attirer l’attention de Dieu », souligne Lewis. Si le patient ne guérit pas, le médecin ne portera donc pas le lourd fardeau de la responsabilité. Et s’il guérit, il ne pourra pas flatter son ego.
  7. Participer à des cérémonies. Au cours de « sweat lodge » –rituel indien de purification– on demande l’aide de la communauté et des esprits. « Lorsqu’un groupe se réunit avec une intention claire, affirme Lewis, cela crée une énergie qui permet de résoudre des problèmes jusque-là sans solution. »

Andrea se regarde en face

Comment réagissent les patients ? Nous en avons rencontré trois. Leur conclusion : au-delà de la guérison, c’est leur vie même qui a changé.
« J’ai toujours couru en tous sens, sans jamais me poser de questions. Comme si j’avais craint de découvrir quelque chose enfoui en moi qui aurait été répugnant. Je refusais de me regarder. » Andrea a eu un cancer de l’œil. Elle porte des lunettes noires qui cachent une cicatrice. « Pour la première fois, j’arrive à passer du temps seule, poursuit-elle. J’apprends à méditer, à m’aimer, à être plus tolérante avec moi-même. »

 En plus de sa chimiothérapie, elle fait de la relaxation et de l’imagerie guidée : elle restructure sa perception d’elle-même en se visualisant en pleine santé. Ses tumeurs, qu’elle imagine de plus en plus petites, ont considérablement diminué. « Au premier étage, je reçois les soins techniques ; au quatrième, ceux pour mon âme et mon bien-être. Car je ne suis pas qu’un corps avec des taches sur une radiographie. Depuis que je viens ici, ma vie s’est enrichie, malgré ma maladie. Ou plutôt grâce à elle… »

 

Sarah respire enfin

« Je me réveille toutes les nuits. Beaucoup de mal à respirer… » Sarah a des crises d’asthme. Surtout depuis la fin de ses études : « Mes plus belles années, dit-elle. Depuis, ma vie a rétréci. » Sarah travaille dans la pub. Un univers compétitif et moins créatif qui l’étouffe. « L’acupuncture m’a permis de relancer mon énergie. Massages et yoga m’ont appris à ouvrir ma cage thoracique pour mieux respirer. En fait, j’ai ouvert la cage dans laquelle je m’étais enfermée et je me suis remise à voler. »

La maman de Palmer ne croit plus au miracle

Palmer a 3 ans. Il ne peut ni parler ni marcher. Son sourire est déformé par de violentes crises d’épilepsie. Sa maman raconte : « Pour entrer en contact avec l’esprit de Palmer, nous avons fait une sweat lodge. Lewis y a reçu l’inspiration de supprimer toutes protéines du régime de mon fils. Ses crises se sont atténuées ». Mais elles n’ont pas disparu. Elle enchaîne : « Au début, je croyais au miracle. Je voulais que Palmer devienne un enfantcomme les autres, qu’il joue au ballon, raconte des histoires… Aujourd’hui, j’aime mon fils tel qu’il est. C’est ça, le vrai miracle. J’ai appris à accepter ce qui me dépasse et à faire confiance à la vie malgré ses coups durs. »

Trois questions au Dr Lewis Mehl-Madrona.

“Quand je suis aux urgences, je ne brûle pas des feuilles de sauge…” Dr Lewis Mehl-Madrona.

Directeur des programmes du centre de médecine complémentaire du Shadyside Hospital, à Pittsburgh, il associe technologie moderne et sagesse des anciens.

Psychologies : Pourquoi avoir choisi d’exercer la médecine complémentaire ?
Parce que celle qu’on m’a enseignée à l’université oublie que l’humain est bien plus qu’un ensemble d’organes. Elle se contente de réparer ce qui est cassé. Cela ne suffit pas toujours. La médecine complémentaire envisage l’être dans son intégralité : un corps, des pensées, des émotions, une âme.

Quelle est votre approche de la maladie ?
Celle des médecins de famille d’autrefois. Une maladie est le développement logique de la façon dont le patient vit sa vie. Elle signale toujours un manque d’harmonie, une souffrance – dans la famille, au travail, dans la croyance spirituelle… Tous les patients ont besoin d’un soutien psychologique. Pas question de les envoyer systématiquement chez le psychiatre ! Ce soutien, nous devons l’assurer nous-mêmes.

Vous êtes médecin d’urgence, chaman, psychiatre… Qui consulte-t-on ?
Cela dépend de chacun. Aux urgences, quand je dois fracturer une cage thoracique pour réanimer un patient, je ne brûle pas des feuilles de sauge. Une fois le patient hors de danger, je passe du temps avec lui. J’écoute mon intuition, je suis attentif à son histoire. Je le laisse me guider. Que se passait-il dans sa vie avant cette maladie ? Quel service celle-ci lui rend-elle ? Tous les médecins devraient lire le roman que leurs patients écrivent.

L’avis du médecin

Professeur Jean-Paul Escande : “La France reste trop rigide”

Que pense un médecin français de l’initiative américaine ? Convaincu de son sérieux et de son efficacité, le professeur Escande, chef du service de dermato-vénéréologie de l’hôpital Tarnier, à Paris, déplore l’attitude conservatrice de la France.

« Il y a plusieurs années, j’ai rédigé un livre intitulé “Mirages de la médecine” (Albin Michel, 1987. Dernier ouvrage paru : “Médecin relève-toi”, Albin Michel, 1998). J’y soulignais le rôle important que tiennent dorénavant les médecines alternatives. Mais j’insistais surtout sur le fait que si ces médecines représentaient seulement un recours efficace dispensant de s’intéresser à la totalité du patient, on ne ferait que changer de mirages…

Je repensais à cette définition de la santé – la capacité que l’on trouve en soi de réaliser ce que l’on a envie d’entreprendre – et je commençais à forger ce concept : la médecine, c’est l’art de transformer la rencontre médecin-malade en un acte social complet. C’est dire si je jugeais pleines d’intérêt les tentatives sérieuses – ce mot est capital – qui consistent à trouver un complément à la médecine conventionnelle. La “médecine complémentaire” : voilà l’expression qu’il fallait inventer. Des médecines nécessairement diverses pour répondre à une diversité de situations, et s’exerçant dans le cadre de pratiques scrupuleusement honnêtes. Mais, hélas ! je ne vois pas, en France, l’Institution universitaire entreprendre une quelconque démarche pour essayer de progresser dans cette voie. Rigide et fière de l’être, elle se mure derrière les fortifications de son château de fer. *

Après la sortie de mon livre, un des grands maîtres de l’Institution m‘avait dit : “Ce sont des problèmes dont vous et moi pouvons parler tranquillement, mais qu’il vaut mieux ne pas mettre sur la place publique… » Je pense exactement le contraire. Serons-nous bientôt nombreux à faire triompher cet avis ? Espérons-le. »

 

* Note de Else Oreve: il existe dorénavant le Diplôme Universitaire de Psychothérapie Intégrative, proposé à Lyon et à Dijon. Ce diplôme met en avant les facteurs de succès de la thérapie qui sont: la qualité de la relation thérapeutique, la motivation au changement, le niveau de sensibilité émotionnelle, l’estime de soi, le recadrage du sens du symptôme, le changement comportemental. Lire: http://www.psychotherapie-integrative.com/psy-integrative/cours-diplome-universitaire/psychotherapie-facteurs-communs-de-succes.htm

 

 

 

Médecine spirituelle, médecine inspirée

Médecine spirituelle, médecine inspirée

article du Dr Olivier Chambon
paru sur la page Facebook d’Oliver Chambon, le 8 août 2011

 

Suite à la publication de mes livres « la médecine psychédélique-le pouvoir thérapeutique des hallucinogènes »[1],   puis « Le chamane et le psy »[2] , j’ai eu l’honneur, de la part de certains de mes patients, de recevoir le titre de   « psychiatre spirituel ».  Je rends grâce à ces propos que je n’avais même pas osé penser à mon égard, puisqu’effectivement, je ne peux être « que » médecin spirituel,  étant donné que tout est Esprit ou Conscience. C’est l’Esprit qui forme et informe le corps aussi bien que la psyché. Toute guérison durable et globale, en ce sens, est un alignement psycho-somatique sur l’Esprit, une réharmonisation du corps et de la psyché par la Conscience.

Je suis médecin-psychiatre, psychothérapeute, mais ce que je vous propose comme pistes pour une médecine de demain, est aussi valable pour les maladies physiques que celles dites psychologiques, car le souffle du même Esprit anime le corps et la psyché.

Pour participer au réveil de la conscience des médecins, je réfléchis en ce moment à la création d’un «centre de médecine spirituelle ». Il s’agirait d’amener nos confrères à réaliser, dans la pratique, que le fait de s’éloigner de la Conscience (ou de l’Esprit, c’est identique)  crée une maladie pour le corps ou l’esprit, et qu’il est nécessaire de retrouver la Conscience et en imprégner le corps et la psyché pour soigner au plus profond.

Ce n’est  pas à la médecine occidentale de dicter ses conditions et d’imposer ses limites à la médecine traditionnelle ou spirituelle (synonymes dans les faits) : c’est cette dernière, bien plus large, bien plus complète, qui inclue la première et y rajoute d’autres dimensions, qui peut ordonner et guider l’ensemble du soin. Comme les guérisseurs Amérindiens, je sais que le soin commence par un contact avec l’Esprit et l’obtention de sa permission, même si les traitements consistent ensuite en une radiothérapie ou en une chirurgie.

Il y a des méthodes et des techniques déjà existantes pour réintroduire l’Esprit dans le soin. Elles proviennent aussi bien des thérapies traditionnelles (chamanisme) que dans les pratiques modernes (psychothérapies transpersonnelles, hypnose, EMDR, etc…) ;  Elles peuvent même conduire à une synthèse créative, une thérapie en quelque sorte « psycho-chamanique ». Elles permettent surtout d’ouvrir la conscience, pour qu’elle perçoive et utilise d’autres énergies et informations, et d’ouvrir le cœur à l’Amour, source de guérison.

Mais avant de parler des méthodes, voyons en  les principes essentiels, appuyés par les travaux scientifiques en parapsychologie,   ainsi que par les études récentes des expériences « autour de la mort » (visions des agonisants, expériences de mort imminente, contact avec les défunts), et les découvertes de la physique quantique.

Ces principes sont les suivants :

-notre conscience existe indépendamment du fonctionnement cérébral
-notre conscience survit à la mort du corps
-les consciences des vivants et des morts peuvent communiquer entre elles, surtout par la force des liens de l’amour, qui sont éternels
-toutes les consciences sont reliées, et ce que je fais à l’autre, je le fais à moi (et vice-versa)
-toute conscience, dans certaines circonstances, ou par certains types de pratiques, peut faire l’expérience d’entrer dans une source de lumière qui l’inonde  d’un amour inconditionnel extraordinaire, et comprendre qu’il s’agit là de sa source originelle, de son état naturel
-l’univers est fait de conscience, de lumière, et d’amour, l’amour est la force d’attraction qui a chaque instant assure la cohésion  de l’univers, et cet amour s’adresse à vous pour vous rendre aimant
-au- delà des limitations et des ombres de votre ego, la nature même de votre conscience est d’être amour
-sur terre la pratique de l’amour est LA source de guérison, pour soi comme pour les autres
-tout est énergie, tout est relié, tout est conscience
-les mots et les pensées quotidienne (sur soi, les autres, le monde) sont des prières méconnues, rendues puissante à travers la répétition quotidienne, et représentatives ne la nécessité d’épurer et diriger le mental
-il existe de nombreux plans de conscience et d’existence, chacun pouvant être conatctés pour favoriser la guérison

La conscience humaine, surtout dans ses états modifiés, est capable d’un fonctionnement dit « non local » ou « quantique ». C’est-à-dire qu’elle peut interagir directement, sans support physique,  avec d’autres consciences ou avec la matière, et cela indépendamment des contraintes d’espace (action à distance) ou de temps (action dans le passé ou le futur) (Dossey, 1995 ; Dossey, 2002). Sont particulièrement bien démontrées (Radin, 2006),  les capacités de réception d’information ne passant pas par les organes sensoriels habituels (perception extra-sensorielle) comme la télépathie ou la clairvoyance (vision à distance), ainsi que les  capacités d’action sans support physique visible (psychokinèse), que ce soit sur la matière, comme la télékinésie  ou la modification du fonctionnement aléatoire d’appareils électroniques, ou bien sur le vivant, comme le magnétisme à distance. Charles Tart (2009) a parlé du « Big Five » pour désigner les cinq capacités parapsychologiques qui étaient clairement démontrées par des études scientifiques rigoureuses en laboratoires, menées ces cent dernières années : la télépathie, la clairvoyance, la précognition, la télékinésie, et la guérison « psi » (action à distance sur des systèmes vivants). Plus intéressant encore pour le propos de ce livre, Il a aussi évoqué les « maybes » c’est-à-dire les facultés parapsychologiques qui sans être démontrées de façon absolue disposent d’ors et déjà d’un faisceau d’argument solide en faveur de leur existence. Il s’agit de l’OBE (sortie hors du corps), la NDE (Etat de Mort Imminente), la CAM (Communication Avec les Morts), et des récits validés de réincarnation. A la lumière de ces travaux, il semble donc qu’actuellement l’hypothèse d’une survie de la conscience après la mort soit scientifiquement plus solide que celle, matérialiste, d’un arrêt total  de son fonctionnement après la fin biologique du corps.

Comme Jung, puis Grof (2002), et l’école de psychothérapie transpersonnelle (Blin et Chavas, 2011), je propose de considérer la conscience humaine comme un phénomène qui ne se résume pas à la biographie post natale et ne se limite pas à l’inconscient individuel, mais qui inclue aussi tous les phénomènes survenant avant  la naissance biologique (périnatal, prénatal) et allant au-delà de l’identité personnelle (transpersonnel, inconscient collectif). La médecine du troisième millénaire (Dossey, 2002) se fera avec la « conscience non locale », permettant une action à distance dans le temps (régression à une vie antérieure en hypnose, par exemple) ou l’espace (magnétisme à distance, prière), voir action sur d’autres mondes (contacts induits avec l’esprit des défunts par EMDR-Botkin, 2005-, voyages dans les différents mondes décrits par le chamanisme).

Venons en maintenant aux méthodes utilisables dans cet esprit. Comme le dit très bien Jean-Pierre Hermans, il y en a effectivement deux catégories:

-1) nettoyer –reprogrammer le cerveau gauche (l’ego), l’objectif final étant bien entendu de stopper l’identification au mental et de s’ouvrir à la Conscience en comprenant que finalement notre vie mentale est assimilable à un rêve,
-2) ou bien reconnecter-stimuler le cerveau droit et puiser dans la Conscience les processus de guérison.

La première catégorie peut se faire par les méthodes de psychothérapies classiques (Chambon et Marie-Cardine, 2010) aussi bien que par celles spirituelles. Je ne les détaillerai pas ici. Par contre, voici une liste non limitative des techniques de la seconde catégorie, qui peuvent être utilisées isolément ou combinée de manière créative (et dictée par l’Esprit) entre elles :

-La pratique de la technique dite de « cohérence cardiaque » permet de remettre l’amour au cœur du processus de changement. En dehors de ses effets « anti-stress » et « régulateur émotionnel », elle a un effet spirituel d’activation du chakra du cœur, et de sortie des préoccupations du mental

– L’utilisation thérapeutiques des psychédéliques[3] (Chambon, 2009) ou des autres méthodes d’élargissement de la conscience (Hypnose Humaniste de Lockert, yoga, méditation, etc..) pour nous faire faire l’expérience de notre nature spirituelle, remettre l’ego à sa juste place (outil et non pas tyran) et accroître nos connections à l’esprit

– le travail avec les énergies (magnétisme, reiki, EFT) pour nous faire vivre l’interaction essentielle entre l’intention, le cœur, l’énergie et la matière, et pour nous aider à reconnaitre les processus énergétiques invisibles et les influencer;

-le chamanisme pour utiliser toutes les possibilités d’aides, sous forme d’énergie et d’informations, provenant des différents monde spirituels qui nous entourent, et nous réapprendre à aimer et respecter cette nature dont nous avons tant besoin pour survivre (Huguelit & Chambon, 2010); le chamanisme permet aussi de ré-enchanter le monde, de recevoir ses cadeaux pour la guérison spirituelle et psycho-somatique

-les techniques utilisant la visualisation et l’imagination ont aussi une grande importance pour se connecter à l’esprit (Achterberg, 1985 ; Labonté & Bornemisza, 2006)

– L’intelligence du corps, enfin, peut être réveillée pour soigner, comme dans le focusing (Lamboy, 2009 ; Wild-Missong, 2010) ou par différents types de massages (Mehl-Madrona, 2003)

Dans toutes ces techniques, patient et thérapeute vont utiliser leur cerveau droit comme le propose si justement Hermans.

Tout est esprit, la maladie et les organes malades ont aussi un esprit, et il faut dialoguer avec cet esprit, avec amour et compréhension, pour le ramener à se fondre à la Conscience (par exemple en utilisant des variantes de l’EFT ou de  l’EMDR, par la technique dite d’ »imagination active » de Jung, ou des voyages chamaniques).

La  médecine moderne est en train de s’ouvrir très lentement, elle commence à peine à prendre conscience du rôle de la spiritualité sur la guérison. Dans le documentaire tourné par Stéphane Allix (de l’INREES),  sur les guérisseurs, on voit comment des médecins s’intéressent  à cette approche. En particulier un chef de service d’un hôpital donne des adresses de guérisseurs pour atténuer les effets des radiothérapies pour les patients cancéreux ; un autre, responsable d’un service d’urgence, fait appel aux « barreurs de feux », pour leurs résultats impressionnant qu’ils obtiennent dans le traitement des brûlures..

Auparavant la médecine était aveuglée par les œillères de l’idéologie matérialiste : elle  n’agissait que sur le plan physique, là où il fallait impliquer le corps, les émotions, le mental, l’Esprit, et la communauté, pour obtenir des « miracles » (nom donnée par la médecine aux possibilités de guérir qu’elle ne sait pas encore provoquer).  Heureusement, par le travail de certains pionniers, elle commence à se diriger vers un chemin qui lui permettra de retrouver son âme, se « réanimer », s’«inspirer», et avoir à nouveau accès au savoir et aux pratiques des guérisseurs et mystiques de tous temps.

 

Bibliographie

-Achterberg  J., « Imagery in healing-Shamanism and modern medicine »,  New Science Library, Shambhala, 1985.
-Blin B., Chavas B., “Manuel de Psychothérapie Transpersonnelle”, Inrees-InterEditions, 2011.
-Botkin A., « Induced After Death Communication », Hampton Roads, 2005.
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[1] Editions Les Arènes, 2009
[2] Co-écrit avec Laurent Huguelit, mama Editions, 2010
[3] (utilisés notamment pour déprogrammer l’ego : cf Leroy, 2011 ; Verdier 2011)